Après Ahed Tamimi et sa mère, l’armée israélienne a arrêté ce mercredi une troisième Palestinienne du village de Nabi Saleh, au nord de Ramallah. Une arrestation liée à une vidéo devenue virale montrant des soldats israéliens se faire bousculer en Cisjordanie. Il s’agit de la cousine de la première, Nour Naji Tamimi, 21 ans.
Ahed Tamimi, 17 ans, à la pointe de la contestation contre l’occupation israélienne, a été arrêtée dans la nuit de lundi à mardi et comparaissait ce mercredi devant un tribunal militaire. Les images tournées vendredi dernier à Nabi Saleh, apparemment avec un téléphone portable, montrent les deux jeunes cousines s’approcher de deux soldats israéliens, appuyés sur un muret, les bousculer, puis leur donner des coups de pied, de poing, et des gifles.
Les soldats, armés et casqués, demeurent impassibles, puis ils s’éloignent à reculons. Ahed Tamimi apparaît comme la plus agressive dans la vidéo. La mère d’Ahed Tamimi, Nariman Tamimi, présente lors de l’incident, a été également arrêtée et placée en garde à vue jusqu’à jeudi, selon la police israélienne.
Les faits semblent s’être déroulés devant la maison de la famille Tamimi. Ils se sont produits en marge d’une manifestation contre la décision américaine de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël. Une autre vidéo montre les deux cousines demandant aux soldats de partir. Ils semblent se tenir sur les marches de la maison familiale.
Selon le père, Bassem Tamimi, les Israéliens ont saisi des portables, des ordinateurs et d’autres équipements électroniques. Vendredi, un membre de la famille Tamimi a été touché à la tête par une balle en caoutchouc tirée par des soldats israéliens, lors de protestations contre la décision de Donald Trump sur Jérusalem, a indiqué la famille.
Une famille à la pointe de la contestation
Les Tamimi se veulent à la pointe de la contestation à Nabi Saleh. Le père dit avoir été arrêté à maintes reprises. Ahed Tamimi, célèbre malgré ses 17 ans, s’est distinguée en brandissant le poing sous le nez de soldats israéliens sur des photos qui lui ont valu d’être reçue en 2012 par Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre turc.
Elle était encore en 2015 sur des photos également remarquées : l’adolescente était parmi des femmes qui tentaient de faire lâcher prise à un soldat plaquant contre un rocher un enfant avec un bras dans le plâtre, son petit frère.
Pour beaucoup d’Israéliens, les Tamimi sont des "agitateurs" prêts à tous les traquenards médiatiques. Pour les Palestiniens, le militantisme de la famille Hamimi n’est que la réponse, pacifique, à l’occupation des terres palestiniennes par la colonisation. Le village de Nabi Saleh, près de Ramallah, est depuis des années l’un des théâtres du conflit israélo-palestinien : les Palestiniens y manifestent régulièrement contre l’extension de la colonie de Halamish, de l’autre côté de la route.
L’incident de vendredi, qui projette une image de retenue dans des circonstances non expliquées, a fait la Une des médias et suscité de nombreuses réactions politiques. Le ministre de l’Éducation, Naftali Bennett, a affirmé qu’Ahed Tamimi était passible de sept ans de prison.